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Le Crazy Gone
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22 juillet 2014

LE REGARD DE DAVID PAUTHIER SUR LE RPE ET SES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION SUR L'ULTRA-DISTANCE

Faire l’assistance du RPE, pour Dominique, peut apparaître comme une promenade de santé. En effet, Dominique a une telle expérience des épreuves d’ultra-distance ; Anne-Marie, Alain et moi, également…

Alors, ce fut une longue promenade de santé, par un beau week-end,… Raconter ce long périple ? Pas d’intérêt. Ce fut certes plaisant, mais rien qui ne sorte de l’ordinaire. Alors, qu’en dire ? Des anecdotes ? Pourquoi pas…

Pour qu’une épreuve d’ultra-distance soit réussie, il ne faut jamais oublier les fondamentaux : l’assistance et le coureur forment une équipe, le coureur est juste là pour pédaler et le coureur manque souvent de lucidité. L’expérience ne modifie que très peu ces règles primaires. Alors, appliquer au RPE 2014, qu’est-ce que donne le non-respect des règles ?

Valensole. Dominique est déjà parti depuis quinze minutes, lorsque nous en partons. Tout va bien ; il est 4ème, à un peu moins de 5 minutes de Hugues Rico. Notre voiture met beaucoup de temps à doubler Pascal Bride, car son assistance reste obstinément derrière lui, alors que la route est très sinueuse. Lorsqu’enfin nous y parvenons, après de nombreux kilomètres, Dominique est loin. Nous traversons Riez ; je me fais la remarque que j’aurais bien aimé être avec lui pour cette traversée, car il s’y est déjà trompé lors d’éditions précédentes. Nous filons prestement sans apercevoir notre coureur… Roumoule, toujours rien ! L’inquiétude monte. Lorsque nous apercevons Hugues et son assistance. Ils nous confirment qu’ils ne l’ont pas vu. Le doute est confirmé : Dominique n’est plus sur le parcours. Nous faisons demi-tour rapidement. Il est évident que le seul endroit où une erreur est possible est Riez. Pendant les quelques kilomètres qui nous séparent de ce village, les têtes sont en ébullition. Où peut-il bien être ? Quelles stratégies adoptées ? A-t’il pu tourner à gauche à l’entrée de Riez ? Non ! J’imagine qu’il sait qu’il faut passer par le centre du village. Va-t’il s’apercevoir de son erreur et faire demi-tour ? S’il n’est pas sur la bonne route et qu’il n’a pas tourné à gauche à l’entrée du village, il a forcément pris la route contournant le lac de Sainte-Croix par le Sud. Je connais le coin par cœur. Donc, nous laissons Anne-Marie, avec un téléphone portable, dans Riez à un endroit où Dominique doit forcément passer s’il revient sur ses pas (ou ses roues pour être précis !). Nous filons rapidement vers Aups en imaginant quelle avance il pourrait avoir… Ces moments de stress ne permettent pas d’apprécier correctement ce point. Un carrefour. Sainte-Croix du Verdon ou Aups ? Je choisis Sainte-Croix, en imaginant qu’il sait que le parcours ne passe pas par Aups. Quelques kilomètres plus loin, nouveau carrefour, avec une indication « Moustiers-Sainte-Marie » à gauche. Il est forcément là. Après quelques minutes, nous voyons un cycliste au loin. Nous nous approchons… C’est lui ! Ouf ! En arrivant à sa hauteur, Alain et moi, nous nous faisons « pourrir ». Ce n’est pas le moment de polémiquer, il faut parer au plus pressé : un bidon, un mini-sandwich, et retourner au plus vite sur le parcours...

Moralité. Une équipe (coureur et assistance) très expérimentée… Mais surtout, une assistance beaucoup trop détendue, tellement détendue qu’elle a oublié que le coureur est juste là pour pédaler. Nous sommes donc coupables. En même temps, je ne parviens pas à enlever de mon esprit qu’un stage cycliste à Riez pour Dominique serait plus efficace qu’un stage en Sardaigne. Cette erreur lui a coûté 10 minutes environ, auxquelles il faut ajouter le temps perdu en énervement et en recherche d’une nouvelle concentration.

Signal de Lure. Après une superbe ascension, il s’assoit quelques minutes, sur une chaise de camping au pointage. Il fait 12°C. Je lui dis qu’il faut mettre un coupe-vent pour la descente et des gants longs. La réponse est sans appel : « Vous me faites chier ! Quoi qu'il se passe, je ne mettrai rien ! ». Bon, tout est dit ! Nous repartons dans la très longue descente sur le versant Nord. A partir du milieu de cette descente, Dominique lâche son guidon pour bouger ces doigts. Au fil des kilomètres, le phénomène augmente. Par moments, il cesse de pédaler, et, semble très raide sur le vélo… Il a froid. Dans le très long faux-plat montant en direction du col de Macuègne, il continue à ne pas être à l’aise ; voire même semble aller moins vite. Nous parvenons à le convaincre de s’arrêter pour mettre un coupe-vent et des gants. Il faut souvent du temps pour se réchauffer. Mais je le sens peu à peu repartir de l’avant.

Moralité. Nous ne sommes pas parvenus à convaincre Dominique, parce que la confiance était perdue depuis les événements de Riez, ou, par manque de conviction de notre part en haut du Signal de Lure. Mais, il est certain que notre coureur manquait alors de lucidité. Là, Dominique avait oublié que l’expérience ne sert à rien face au manque de lucidité. Il est difficile d’évaluer le temps perdu, mais il doit se mesurer en plusieurs dizaines de minutes.

Je souhaitais évoquer ces deux anecdotes, car elles reflètent toute la difficulté du rapport entre assistance et coureur, quelle que soit la nature de l’épreuve de longue haleine, RPE, Paris-Brest-Paris, Bordeaux-Paris, RATA,… Heureusement, dans le cas de Dominique, il n'y eut de conséquences ni sur le classement ni sur la santé. Mais, je ne peux m’empêcher de penser à ces nombreux participants à PBP en 2011, qui, sans vergogne, appelaient avec leur portable, leur assistance avant les pointages pour leur donner des consignes. Je ne peux m’empêcher de penser à ce coureur, tombé juste devant moi, alors qu’il envoyait un SMS à son assistance. Cette chute provoqua son abandon. Ou encore, pendant la première nuit, ce coureur tombé sur un îlot directionnel alors qu’il parlait au téléphone avec son assistance ; et, qui n’a pas trouvé mieux que de les rappeler en revenant dans le groupe, pour leur raconter sa chute.

Je laisse aux futurs participants de ces épreuves, qui sont tout autant une fête qu’un défi personnel, méditer. La réussite ne consiste pas seulement à être prêt physiquement, mais également à être prêt mentalement à confier le confort de son aventure à une assistance. Certes, elle peut parfois vous faire perdre du temps… Mais surtout vous en faire gagner.

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Commentaires
A
Quel beau récit. <br /> <br /> <br /> <br /> Nouveau coureur d'ultra je découvre tout ce qui vient d'être dit et j'en ai fait la terrible expérience Lors de la dernière Race Across Italie. <br /> <br /> <br /> <br /> Nous avons d'ailleurs longuement échangé avec Dominique lors du trajet retour. Dominique est un coureur à part ... !! <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai longtemps attendu ses conseils sur la nutrition... et je peux toujours attendre (ahahaha) car il fait tout au feeling et mange ce qu'il a dans les poches !!! .et coté boisson qu'il fasse 5 degrés ou 40 c'est du pareil au même pour lui .... <br /> <br /> <br /> <br /> Le résultat est édifiant ! Aucun abandon en Ultra - Distance !! <br /> <br /> <br /> <br /> A l'opposé, je prépare tout et connais le nombre de calorie dans mon bidon et dans mes poches heure par heure.... mais au bout de 6h, je ne peux seul me souvenir de ce que j'ai mangé, bu, et la suite de mon programme d'alimentation.... <br /> <br /> <br /> <br /> Ce que je peux ajouter à l'article en plus de ce qui a été dit :<br /> <br /> Le coureur doit avoir une entière confiance en son assistance en qui il confie une partie de la réussite de la course. Le coureur ne doit pas réfléchir au road-book, à son alimentation, (qui doit être planifiée au préalable), à sa boisson, a sa tenue vestimentaire, à son classement... <br /> <br /> <br /> <br /> Les assistants doivent guider le coureur, lui imposer des choix et ne pas être la uniquement pour passer des bidons et pâtes de fruits . Après quelques heures sur le vélo, la lucidité n'est plus la même pour faire les bons choix selon moi. Les assistants doivent alors en fonction des réactions du coureurs adapter les messages. Une bonne connaissance de son coureur est déterminant. <br /> <br /> <br /> <br /> Le coureur selon moi, doit être en contact permanent avec ses assistants (cardo) ou en avoir la possibilité. Etre concentré sur son effort est possible quelques heures mais pas sur la totalité de la course. <br /> <br /> Pour une épreuve d'ultra distance l'assistance est selon moi 50 % de la réussite. Les 50 % restant sont répartis de la manière suivante 20 % Alimentation, 20 % Physique et 10 % mental.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Un grand bravo à toi, Dominique pour tes performances qui en font certainement le plus BEAU palmarès du Cyclisme Ultra Distance Français.<br /> <br /> <br /> <br /> A bientôt
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