Le 8e jour.
Le 8e jour est une affaire réglée et nous avons déjà bien entamé le 9e jour. Cette RAAM 2009 restera une expérience profondément marquante pour chacun d’entre nous. Pour faire simple, les régions que l’on traverse depuis trois jours n’ont aucun charme comparées aux paysages grandioses qui nous ont sidéré au début du périple. Tout n’est que chaleur, moiteur, lignes droites, moustiques…
Après le Kansas et le Missouri, Dominique a fait une petite incursion dans l’Illinois avant d’aborder l’Indiana. Le dernier pointage a été effectué le mercredi 25 juin à 17h15 à Sullivan (Time Station 37). Le compteur kilométrique accuse maintenant un total de 3 589 km, il reste à accomplir au Crazy Gone environ 1 250 km, soit l’équivalent d’un Paris-Brest-Paris, une distance que Dom maîtrise bien. Cependant avec une telle distance dans les jambes, notre avaleur de miles navigue sur la corde raide alternant périodes de pleine bourre et gros coups de barre. La gestion de l’avancée de Dominique est devenue très compliquée, il faut s’adapter à son état qui évolue d’heure en heure. Impossible de faire des prévisions dans ce contexte, encore une fois il faut vivre « ici et maintenant », l’instant présent prime sur toute tentative de projection dans le futur. Et pourtant nous avons besoin d’anticiper pour négocier au plus juste la fin de la RAAM qui s’annonce extrêmement difficile d’un point de vue logistique.
Nous sommes maintenant dans le même fuseau horaire que Washington, encore un cap psychologique significatif de notre avancée. Dominique se bat comme un lion pour terminer son challenge, il déploie une énergie et une volonté qui nous laisse les bras pendant à chaque fois qu’il remonte sur son vélo. C’est la mort dans l’âme qu’il doit accepter de ne pas arriver à Annapolis dans les délais qu’il s’était imposé pour nous permettre de rentrer tous ensemble. Il faut user de psychologie pour lui faire comprendre qu’il n’arrêtera pas la RAAM à cause de cela et que nous avons tout mis en œuvre pour lui permettre de terminer même avec une équipe et une logistique réduite. La charge émotionnelle commence a être perceptible, la RAAM du Crazy Gone est rentrée dans une nouvelle dimension, le compte à rebours vers l’arrivée est enclenché.